De la cabine à la remorque, sur tous les organes d’un camion, les objets connectés sont partout. Tour d’horizon d’un marché en quête de standardisation.
Les camions sont devenus de véritables hubs de traçabilité. Ils intègrent de plus en plus d’objets connectés, et encore davantage de capteurs. Il y en aurait une bonne centaine dans un tracteur. L’ordinateur de bord, noyau informatique du véhicule, rassemble les informations d’équipements périphériques pour les envoyer dans le cœur de l’entreprise – le logiciel de transport (TMS).
Mais ce hub traditionnel n’est plus seul dans la place. D’autres boîtiers communicants sont maintenant fixés aux remorques. Ils agglomèrent toutes les informations techniques des véhicules tractés (freinage, essieux, pneumatiques). Mais ils surveillent aussi les marchandises et la chaîne du froid.
Des GPS multiples
Les objets connectés fleurissent chez les carrossiers et leurs équipementiers, dans l’idée d’améliorer le suivi de tous ces matériels en utilisation réelle. Avec la baisse du prix des télécommunications, des applications mobiles ont germé sur chaque composante d’un camion, en lien avec des portails d’analyse de données sur Internet. Au point qu’un ensemble routier puisse être aujourd’hui surveillé par cinq ou six modules GPS-GPRS, comme l’explique Yves Sauvage, à la tête de la PME Vitadis (80) :
« Nos 30 camions sont géolocalisés de plusieurs manières : par le boîtier embarqué de seconde monte, qui récupère les données sociales du chronotachygraphe et affiche les missions en connexion avec le TMS ; par l’informatique constructeur, qui nous sert aussi à mesurer l’usure des freins et d’autres éléments de maintenance du poids lourd ; et par le dispositif de suivi de pression des pneumatiques. Même nos groupes frigorifiques sont géolocalisés et communicants par défaut. Nous pouvons suivre les courbes de température et de nombreuses autres données sur une application mobile. En plus, nous avons des balises antivol cachées dans les remorques ! ».
Yves Sauvage soulève la difficulté de faire communiquer tous ces systèmes informatiques. Les plateformes sont autonomes, rarement compatibles entre elles. On peut même considérer qu’elles sont concurrentes sur le marché de la gestion de données des transporteurs.
Une bonne pression, plus de sécurité
Le TPMS, ou système connecté de mesure de la pression et de la température des pneumatiques, rencontre un succès certain chez les transporteurs ; et pour cause : les éclatements sur la route sont dangereux. Ils occasionnent des risques corporels, matériels et également pour la marchandise dans le camion.
La surveillance automatisée du camion à distance et en temps réel représente une solution pertinente. Le principe : des capteurs sont installés sur les jantes. Ils embarquent un GPS communicant, qui enregistre des données plusieurs fois par minute, et les transfère toutes les 15 ou 30 minutes. Le système lance des alertes, en cas de perte de pression rapide, de basse pression, ou de température anormalement élevée.
Les manufacturiers proposent un système complet incluant des capteurs embarqués, mais aussi un boîtier communicant associé à une interface mobile et un portail. Selon la demande du client, ils sont susceptibles de vendre l’ensemble du dispositif ou uniquement les capteurs dont les données sont récupérées par un tiers.
Les remorques autonomes
Autre marché en plein boom : la localisation des remorques, châssis ou caisses mobiles avec des balises autonomes, généralement pendant deux à cinq ans selon la fréquence de transfert de données. Les prestataires proposent de paramétrer des alertes, de programmer les contrôles techniques, et de suivre les plages horaires et journalières pendant lesquelles les remorques sont autorisées à se déplacer.
Ces dispositifs sont d’autant plus attractifs qu’ils se passent de cartes Sim. Les balises intègrent un GPS et transmettent leur données via les réseaux cellulaires bas-débit, économes en énergie, de type LoraWan ou Sigfox offrant une couverture et une traçabilité à l’échelle européenne ou mondiale. Sigfox, opérateur de télécommunications français, dit « de l’Internet des objets » (IoT), affiche un réseau de plus de 2000 antennes en France.
La chaîne du froid sécurisée
Les sociétés de transport sous température dirigée doivent répondre aux attentes spécifiques de leurs clients :
- Maintenir la chaîne du froid dans un camion le temps du transport
- Justifier de la bonne gestion de la température tout au long du trajet
Les fabricant frigorifiques ont développé des solutions propriétaires pour surveiller le respect du point de consigne en temps réel. Mais si un transporteur détient un parc mixte de groupes frigos, il dispose de deux sources d’informations dans des environnements logiciels différents. Une centralisation des relevés est nécessaire.
En alternative, plusieurs fournisseurs indépendants proposent une gamme d’enregistreurs sans fil ainsi qu’une passerelle de communication qui collecte les données de température de la remorque et les envoie par 3G/4G à l’exploitation. Différents capteurs enregistrent la température ou les chocs. Le suivi de température peut être indépendant de la remorque pour s’attacher directement aux emballages ou aux palettes équipées de puces communicantes.
Certaines balises sont compatible avec les réseaux bas débit. Elles se déploient sur les conteneurs ferroviaires, maritimes ou aériens. Elles permettent un suivi de la chaîne du froid d’un mode de transport à l’autre.
Verrouiller à distance
Le verrouillage des portes à distance se déploie dans les transports de marchandises onéreuses. Adaptables sur tous types de portes, complétés par un système de plombage virtuel pour certifier au client qu’aucune porte n’a été ouverte durant le trajet. Ces solutions représentent un nouveau critère de choix pour les chargeurs.
Dans le même esprit, des fabricants de bâches proposent des solutions de connectivité pour sécuriser les marchandises dans les remorques. Une bâche multicouches conductrices est fixée sur les côtés du véhicule. Elle communique avec un boitier télématique qui déclenche une alarme sonore lorsque la paroi est déchirée ou endommagée. Le conducteur reçoit une notification en cabine, tout comme l’exploitation de l’entreprise. En complément, le verrouillage électronique des portes à distance permet d’interdire automatiquement l’ouverture de la remorque quand une alerte se déclenche.