En vue des fêtes et promos de fin d’année, les retards de conteneurs, le Covid-19 et les défauts de matières premières fragilisent les chaînes d’approvisionnement mondialisées, dans un contexte d’urgence climatique. Une équation complexe.
Entre pénuries diverses, saturation logistique, risques de ruptures de stocks et problématiques environnementales, le Black Friday 2021 et les fêtes de fin d’année pourraient donner quelques sueurs froides aux chargeurs et à leurs prestataires de transport. Le Black Friday, ce vendredi de grandes promotions qui se tiendra le 26 novembre 2021, c’est la promesse de faire de beaux cadeaux de Noël sans casser la tirelire…
Juste après la COP26, Conférence des Nations Unies sur le changement climatique, et après un été parcouru d’incendies et d’inondations sur tous les continents, on ne peut éluder la nécessaire sobriété de consommation. Année après année, comment des objectifs si antagonistes peuvent-ils cohabiter ? Entre l’urgence climatique et la pression sur le consommateur, le désir de faire de bonnes affaires, qui prendra le dessus ?
Inflation et retards du transport maritime
En attendant un véritable changement de paradigme, et l’espoir d’une société moins éprise de biens matériels, le monde logistique doit répondre aux questions du moment.
Après plus d’un an de marasme économique suite au Covid-19, la vaccination progresse, les frontières s’ouvrent de nouveau, et la consommation repart à la hausse. Mais cet élan soudain provoque de l’inflation et des problèmes d’approvisionnement, menaçant la croissance des entreprises. La demande soutenue fait grimper en flèche les tarifs d’expédition des conteneurs, le transport maritime nourrissant l’essentiel de nos chaînes logistiques mondialisées. Ainsi, le coût du transport d’une caisse de 40 pieds (environ 12 mètres) de la Chine vers l’Europe s’élève actuellement à environ 12 000 euros, selon l’indice « Freightos Baltic Index ». C’est dix fois plus qu’en temps normal.
Le temps de livraison augmente également. Un bateau mettait 4 à 6 semaines pour se rendre d’Asie à la France. Aujourd’hui, le trajet peut prendre 10 à 25 semaines. Et à l’arrivée, le déchargement est ralenti à cause du nombre important de bateaux à opérer.
Le résultat se fait sentir sur l’envolée des coûts d’approvisionnement des jouets fabriqués en Chine, par exemple, avec une répercussion immédiate sur les produits en magasin. Les articles insérant des composants électroniques sont aussi touchés par la pénurie de puces, la rareté laissant présager une hausse des prix. Dans le domaine des semi-conducteurs, la France et l’Europe sont largement dépendants de l’Asie, de Taiwan en particulier. La relocalisation du secteur annoncée par l’Union européenne prendra au moins 10 ans.
Manque de visibilité pour les industriels
Nombre de chaînes logistiques fonctionnent en flux tendus, avec un minimum de stocks, afin de réduire les coûts et de maximiser les profits. Si cette logique a fonctionné jusqu’à présent, elle est aujourd’hui remise en question. Quand les embouteillages s’aggravent dans les ports mondiaux, les plateformes de “visibilité” peinent dans leurs prévisions.
Les retards des bateaux et la multiplication des vagues épidémiques liées aux variants du Covid-19, impactant les principaux centres de production chinois, pourraient avoir de graves conséquences à l’approche du Black Friday et des fêtes de fin d’année, anticipe Josh Brazil, vice-président Supply Chain Insight de la plateforme Project44. « Nous constatons une grande variation des délais d’un mois sur l’autre, et cela dépend également des routes commerciales, ce qui rend les chaînes d’approvisionnement particulièrement difficiles à gérer pour les expéditeurs. »
Il existe également des pénuries sur l’acier, ou encore sur le bois, nécessaire pour fabriquer des palettes et des emballages en carton. Au dernier trimestre 2021, le manque touche toutes les matières premières, créant des incertitudes pour les logisticiens et les industriels, qu’il s’agisse des moyens de production ou de transport.
Autre signe inquiétant : l’industrie automobile vacille. Des usines ferment temporairement. Les constructeurs annoncent une hausse des prix qui perdurera pendant au moins un an. À tel point que l’on voit exploser en novembre le prix des véhicules d’occasion, la demande étant largement supérieure à l’offre.
Vir by JP en croissance sur le dernier kilomètre
Depuis 18 mois, malgré les dysfonctionnements et l’inflation de la logistique, la pandémie de Coronavirus a accéléré la croissance du commerce électronique. Les grandes plateformes marchandes devraient être les premières bénéficiaires de la forte période commerciale de fin d’année, et emmener dans leur sillage les prestataires du dernier kilomètre. À l’exemple de l’entreprise de transport Vir, spécialisée dans la livraison à domicile de produits lourds et volumineux, qui a rejoint le groupe Perrenot en juin 2021.
Suite à ce rachat, Vir a intégré les activités de livraison à domicile de Jacky Perrenot pour donner naissance à une nouvelle business unit, baptisée Vir by JP. Celle-ci emploie 150 salariés, exploite 300 véhicules industriels autour d’un réseau de 30 plateformes, et réalisera, en 2021, 150 millions d’euros de chiffre d’affaires (sur un total de plus de 900 M€ générés par le groupe).
« D’un point de vue opérationnel, nous ne sommes pas directement impactés par les pénuries et les retards de conteneurs, contrairement à nos donneurs d’ordres, essentiellement des e-commerçants – Amazon, Vente-Unique.com, etc. – et des réseaux mixtes de distribution tels Ikea, indique Jeremy Cohen Boulakia, directeur général de Vir by JP. Nous prenons uniquement en charge le dernier kilomètre de commandes complètes déjà arrivées sur l’Hexagone. Malgré tout, la situation ne nous arrange pas. Les difficultés du transport maritime jouent sur le niveau de vente, donc sur le volume d’activité qui nous est remis, et qui est en baisse. Par exemple, lorsqu’un consommateur achète un canapé, mais que quelques temps plus tard, il est informé d’un retard d’un mois ou plus, il arrive qu’il se rétracte et demande un remboursement. »
Optimisation et traçabilité pour mieux gérer le Black Friday
Malgré tout, grâce à l’effet du Black Friday, Jeremy Cohen Boulakia s’attend à une progression de 30 % de son activité en décembre 2021, par rapport aux mois précédents. Devant les incertitudes du marché, il met en avant les nouvelles technologies de traçabilité, qui lui permettent d’optimiser les livraisons, les chargements, les itinéraires.
« La progression du e-commerce permet d’optimiser le remplissage des camions et de massifier les tournées de livraisons, affirme-t-il. Cela permet de réduire les distances parcourues entre chaque client. Notre évolution, et notre compétitivité, s’appuient sur une longue expérience des outils digitaux. Confirmation de livraison par SMS, tracking sur smartphone avec visualisation de l’itinéraire du camion à la mode Uber, Chat avec le livreur, information du carburant utilisé pour la livraison, mais aussi recueil de la satisfaction client après chaque livraison… Tous ces éléments permettent de mieux gérer les périodes de rush comme le Black Friday. »
En outre, Vir by JP met en avant une transition énergétique accélérée. « En 2022, nous allons remplacer 60 véhicules au gasoil par 50 camions au gaz ou à l’électricité. Nous visons également une réduction de la pollution sonore, ce qui est important lorsqu’on livre en ville. Notre stratégie est de sortir complètement du gasoil en 2025. »
merci pour ces détails sur ce fameu black friday qui demande une logistique prévisible et de plus en plus moderne pour tenir la cadence.